Il est des signes qui ne trompent pas : alors que nous mettions en chantier notre album Stevenson, le pirate intérieur, nous nous sommes rendus compte, René Follet et moi-même de la place particulière et capitale que l’auteur de L’île au trésor tenait dans nos carrières et nos vies. Il avait été l’objet de mon premier livre (Tusitala ou la Vie aventureuse de Robert-Louis Stevenson), il avait inspiré l’ensemble de vignettes publicitaires que René avait réalisé, à l’âge de 14 ans, pour une marque de chocolat. Pour lui aussi, là encore, il s’agissait d’une première création professionnelle rémunérée, l’adoubement – via Stevenson – d’un parcours créatif qui prenait là sa source !
Depuis lors, de cette source, beaucoup d’eau (ou d’encre !) a coulé, charriant pour René nombre de chefs d’oeuvre relevant tant de l’illustration que de la bande dessinée. Son trait souple, élégant, expressif, reconnaissable entre tous, donnant lieu à un florilège d’albums et d’aventures relevant de presque tous les domaines : policier, fantastique, fantasy, historique, contemporain.
On lui doit Yvan Zourine (avec Stoquart), Steve Severin, une reprise (en 1981) du personnage de Jean Valhardi, Edmond Bell (d’après John Flanders), Ikar (avec Pierre Makyo). Plus prés de nous Terreur avec André-Paul Duchateau et l’Affaire Dominici avec Pascal Bresson.
Toutefois René Follet n’a jamais été « l’homme d’une série », créateur ou animateur d’un personnage emblématique coqueluche du grand public. C’est sans doute ce qui explique la relative méconnaissance que beaucoup ont de l’homme comme de l’œuvre. A cette réputation d’auteur secret, il faut encore ajouter celle d’homme discret, qui fuit mondanités, coteries et distinctions. René Follet est un homme sincère, un artiste indépendant et pudique qui ne met son immense talent qu’au profit de son exigence et qui reste, au fil des années, toujours en quête d’un « mieux », d’un « plus » que d’autres appelleraient absolu !
Avec ce Stevenson, le pirate intérieur, nous avons tous deux renoué avec nos amours et nos rêves de jeunesse. Mais les avions-nous vraiment abandonnés ?
Ces pirates qui hantent tant le pont de l’Hispaniola (la goélette qui part en quête de l’Île au Trésor) que le corps malade de Stevenson, ont surgi avec une extraordinaire vigueur de la main de René Follet. J’allais dire avec facilité. Mais la formule est pernicieuse, car cette apparente facilité est en réalité la résultante d’une terrible application, d’une concentration et d’une opiniâtreté hors norme, développée des décennies durant. Mon ami René Follet est en effet un homme d’une grande exigence !
Au terme des 60 pages de l’album auquel cette belle exposition rend hommage, je suis terriblement fier d’avoir partagé cette aventure et cette exigence.
… Et encore – à travers cette même passion – une belle amitié !
Dates Du 25 au 27 octobre
Lieu Palais du Grand Large, Salle Bouvet
Public Tous publics
Thématique Grand public
Scénographie Fred LECAUX RODOLPHE, Anne CHOTARD